Des sites de rencontre (tout contre)
Mon ange, tu sais, tu t’es planté
De tes attentes, tu te croyais actionnaire
Lorsque la vie t’a rattrapé
Faisant de ton cœur ton plus grand calvaire
Tu veux le suc, la lie, la vie,
Mais les mots t’en dépossèdent
Car l’hippocampe et l’alchimie
Sont inopérants derrière un écran
Tu te projettes, tu te transcendes
Ô beau miroir de ton ego
Et ne peux alors plus rencontrer l’autre
Que dans ses oripeaux
Dès le premier regard,
Tu penses largement savoir à quoi t’en tenir
Mais attends peut-être
De l’entendre bégayer de sa voix de crécelle et géééémir
Et, après des mots pleins de fougue,
De découvrir une plante un peu mutique
Prise d’un parkinsonisme sémiologique
Croyant désormais pouvoir ne miser que sur son physique
Pense plutôt, le jour de la rencontre, à enfouir
Dans ta poche droite, de la poudre de perlimpinpin
Et dans la gauche, des barbituriques.
Puis aviser. Et de poche, ne pas te tromper.
Car dans les faits,
La surprise de la rencontre inexistante
Tes attentes, préexcellence,
Ne peuvent se faire que ton meilleur ennemi
Cet être qui occupe tes songes
Avec lequel tu as tissé un bout de toi
Dans la réalité froide plonge
Dans le mensonge de ton esprit aux abois
Cette petite flamme à l’allumage
Que tu hypothèques autant que tu redoutes
Autour d’un verre à l’abordage
Se désintègre et tu t’arc-boutes
Tu t’attendais à un mirage
Fomenté dans ton esprit chimérique
Que la réalité de la vie, son apanage
A interverti et tu abdiques
Car tu oublies que rencontrer quelqu’un
(Percer progressivement d’un fusain
Chaque strate pour atteindre les artères
Les ombres et la lumière)
Ne se fait pas en un baisemain
Et que parfois, ça encombre
Mais aussi que certaines personnes ne se décèlent,
Ne s’entrevoient et ne saisissent jamais aussi bien
Qu’à travers quelques gestes caressants,
Un regard habité et aérien
Et son abandon suave anti-parnassien
Tu veux TOUT, tout de suite
Lorsque l’amour, le vrai
S’inscrit dans le temps et s’affruite
Tel un palimspeste composant l’ivraie
Lui laisser sa chance de faire bonne impression
N’est, dans ce contexte, pas légion,
Tu pensais que rêver ne faisait de mal à personne
Mais ton imaginaire, qui l’a confectionné(e),
Érode aujourd’hui sa réalité, qui part en fumée
N’oublie pas que les mots ne sont que des mots
Et que c’est par nos actions
Que le mieux nous nous définissons
Mais aussi que nous ne nous connaissons pas si bien
Que nous le pensons ou prétendons
Nous, nos attentes et nos désirs diluviens
Ce n’est pas parce que tu es prêt ou a envie
Que la fortune, en un claquement de doigts
Répondra à tes prières accomplies
Et que l’inclinaison se déploie
C’est d’ailleurs lorsqu’on est occupé à autre chose,
Et surtout à soi,
Que notre énergie irradie, anamorphose,
Et enfante les plus belles métamorphoses
N’en attends rien
Et peut-être – peut-être ? – recevras-tu tout
Car c’est dans l’indétermination, mon amphibien,
Que l’on tombe parfois sur des pépites en acajou
Reste ouvert, ne te projette pas,
Ne prévois rien et la vie prodiguera
Au moment voulu, qui ne sera pas le tien
Et de sa surprise, tu t’émerveilleras
Reste tributaire de la contingence bienfaitrice du temps
Et de la main imperceptible du hasard
Ou plutôt de la synchronicité
Qui sait toujours nous effleurer
Lorsque nous nous y attendons le moins
Car elle nous astreint, dans un timing parfois approximatif,
À nous ouvrir à la rencontre
Et à sortir de toutes les cases prédéfinies,
Lorsqu’à la stupéfaction de son œuvre,
La vie nous assujettit
Des sites de rencontre
Nous pourrions écrire tout un poème… ;)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 68 autres membres