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Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même

 

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Thérapeute et conférencière, Lise Bourbeau n’en est pas à son premier forfait : c’est une best selleuse multirécidiviste. Elle publie en 1987 Écoute ton corps qui devient illico un succès international. Le développement personnel chevillé au corps, elle part cette fois-ci  à l’abordage des problèmes d’ordre physique, émotionnel ou mental résultant de cinq blessures originelles : le rejet, l’abandon, l’humiliation, la trahison et l’injustice.

 

À travers leur description détaillée, ainsi que des masques que nous avons développés pour les camoufler, l’auteure nous permet de lever le voile sur certains des schémas récurrents dans notre vie et d’entreprendre la bonne démarche de guérison. Celle menant à notre seule vérité : être soi-même.

 

 

 

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D’après le psychologue américain Fitzhugh Dodson, Tout se joue avant 6 ans [1]. Par cela, il n’entend pas que nous ne continuerons pas à évoluer tout au long de notre vie, mais que ces années sont fondatrices pour le développement des acquisitions fondamentales que sont le langage, la socialisation ou la conscience de soi. De fait, la qualité de l’accompagnement d’un enfant durant ces années charnières marque son devenir comportemental d’une empreinte indélébile.

 

Pour Lise Bourbeau, la nature des liens tissés durant notre enfance est une fabrique à blessures douloureuses, qui sont au nombre de cinq. Pour les supporter, nous avons créé des masques de survie en eau trouble. Sauf que ceux-ci nous détournent de nous-mêmes tout en entretenant nos blessures : c’est le serpent qui se mord la queue dans son développement personnel en reproduisant les mêmes schémas. Mais alors comment apprivoiser nos fêlures et nos peurs originelles afin de manœuvrer pleinement notre vie ?

 

 

 

 

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Le masque du bonheur est peut-être le plus dur à porter (Gérard Martin)

 

 

L’enfant nait par définition pur et innocent. Il aime se frotter aux découvertes fascinantes qu’offre ce monde abyssal. Cependant, ses parents lui font vite comprendre que pour naviguer dans ce monde policé, il va devoir se conformer à leurs directives. Pour être accepté et intégré, il se crée une personnalité lui faisant miroiter l’espoir d’accéder au précieux graal de l’amour filial.

Tout masque se modèle suivant quatre étapes :


 

1)  L’enfant découvre la joie d’être soi et de pouvoir agir. 

2)  Avant de se rendre compte, avec douleur, qu’il n’a pas le droit d’être lui-même.

3)  Son impossibilité de s’exprimer fait naître chez lui colère et révolte : c’est la crise. 

4)  Avant finalement de se résigner en se conformant et s’adaptant à ce que les autres souhaitent qu’il soit.

 

 

 

 

 

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Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l’âme ? (Shan Sa)

 

Du bon boulot de sape de notre individualité en quelque sorte ! Seul hic : si ces masques inconscients font illusion, la vie se charge répétitivement de réveiller la souffrance somnolant, entière, en nous. Ce n’est pas ce que l’on vit en soi qui crée de l’affliction (plusieurs 

personnes seront impactées très différemment par une même situation), mais la façon dont on y réagit, qui est elle-même proportionnelle à l’amplitude de la blessure. 

 

D’après l’auteure, nous sommes généralement porteurs de plusieurs d’entre elles tout en en ayant développé une dominante. Chacune correspond à un masque spécifique et à des caractéristiques physiques qui lui sont propres pouvant se cumuler en fonction de nos différentes blessures. Au-delà de la description verbale de chacune d’elles (ci-dessous), les formes de notre corps et nos ressentis restent nos meilleurs guides pour identifier les blessures dont nous sommes porteurs.

 

 

 

 

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LE REJET – ou le sentiment de n’avoir pas le droit d’exister

 

Cette blessure apparaît entre le moment de la conception et l’âge d’1 an. Le rejet est vécu avec le parent du même sexe, c’est-à-dire celui qui doit lui apprendre à s’aimer et à aimer les autres. Ce peut être un bébé pressentant qu’il n’a pas le sexe désiré ou qu’il est arrivé comme un cheveu sur la soupe.

 

Quel masque développe-t-il ? Le fuyant. Pour ne pas prendre trop de place, son corps est mince tout comme son visage et ses yeux sont petits. S’espérant invisible, il est généralement sage, tranquille et tend à s’effacer. Solitaire, il s’invente un monde imaginaire et est souvent dans la lune. Il est attiré par le monde intellectuel et détaché du matériel (ce qui peut avoir une incidence sur sa vie sexuelle). Il se croit inepte et inintéressant, ce qui déteint sur son vocabulaire, dans lequel on retrouve les mots « nul », « rien », « inexistant », « disparaître ». 

 

Sa plus grande peur : la panique. 

 

La guérison passe par : le fait de prendre de plus en plus de place et d’oser s’affirmer.

 

 

 

 

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L’ABANDON – ou l’impression de ne pas être suffisamment nourri affectivement

 

Elle s’éveille généralement entre 1 et 3 ans. La blessure d’abandon est vécue avec le parent du sexe opposé. Ce peut être un enfant se sentant délaissé par un parent très affairé ou focalisé sur un frère/une sœur malade. 

 

Quel masque développe-t-il ? Le dépendant. Mince, il a un corps long (bras trop longs) manquant de tonus (jambes faibles, dos courbé, certaines parties du corps pouvant être tombantes ou flasques). Ses yeux sont aussi grands que tristes. Il se positionne souvent en victime : il se crée des difficultés (problèmes de santé par exemple) qu’il dramatise pour attirer l’attention. Cependant, revers de la médaille, il aime également jouer le rôle de sauveur afin de s’attirer des compliments. Le dépendant connaît souvent des hauts et des bas qu’il décrit via des mots comme « absent », « seul », « je ne supporte pas », « je me fais bouffer ». 

 

Sa plus grande peur : la solitude. 

 

La guérison passe par : se sentir bien, même seul, en recherchant moins l’attention des autres.

 

 

 

 

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L’HUMILIATION – ou comment se sentir honteux de ses propres comportements 

 

Cette blessure s’active entre l’âge de 1 et 3 ans et est rattachée au monde de l’avoir et du faire. Elle est le plus souvent vécue avec la mère, sauf si le père s’occupe de son développement psychomoteur. Ce peut être un enfant que les parents traitent d’ « inapte » lorsqu’il se nourrit seul, ou de « cochon » lorsqu’il rentre les vêtements sales. 

 

Quel masque développe-t-il ? Le masochiste. Se pensant moins bien que les autres, il recherche inconsciemment douleur et humiliation en développant un corps grassouillet prêtant à moqueries. Son visage est rond, et ses yeux, de grandes billes innocentes. Il se crée des contraintes et obligations (en perdant contact avec ses propres désirs et besoins), dont il finit par se plaindre. Il est néanmoins très performant et ne se sent jamais suffisamment reconnu. La mère a souvent beaucoup d’emprise sur lui (même une fois décédée). Son vocabulaire comprend les mots « petit » (m’accorderais-tu une ‘petite’ minute ?), « gros », « être digne » ou « indigne ». 

 

Sa plus grande peur : la liberté. 

 

La guérison passe par : moins charger la mule et se sentir plus libre.

 

 

 

 

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LA TRAHISON – ou le sentiment d’être trahi/e 

 

Elle s’éveille entre 2 et 4 ans, avec le parent du sexe opposé, dans un fort complexe d’Œdipe. Ce peut être un enfant se sentant trahi par une promesse faite, et non tenue par ce parent, ou par l’arrivée d’un autre enfant rompant leur lien. 

 

Quel masque développe-t-il ? Le contrôlant. Son corps reflète la force et le pouvoir : des épaules larges chez l’homme, un corps en forme de poire chez la femme. Il aime prévoir pour mieux contrôler et veille au respect des engagements, à être fidèle et responsable. De fait en attend-il tout autant des autres. Il a une forte personnalité et fera tout pour démontrer qu’il a raison. Comprenant et agissant rapidement, il a peu de patience pour les lents et devient facilement agressif. Il a d’ailleurs de fréquentes sautes d’humeur. Son vocabulaire : « laisse-moi faire seul », « je le savais », « fais-moi confiance ». 

 

Ses plus grandes peurs : la dissociation, la séparation, le reniement. 

 

La guérison passe par : le fait de lâcher prise plus facilement dans sa vie quotidienne.

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L’INJUSTICE – ou comment ne pas se sentir respecté/e ou apprécié/e à sa juste valeur

 

Cette blessure s’éveille entre 4 et 6 ans, avec le parent du même sexe, que l’enfant sent froid, sévère et autoritaire à son égard. 

 

Quel masque développe-t-il ? La rigidité. Son corps est droit, raide, bien proportionné, le plus parfait possible. Il est rarement malade et s’impose un régime alimentaire drastique : il fera tout pour ne pas grossir et est le plus enclin à devenir végétarien. Bien que très sensible, il se coupe de ses ressentis. Il est donc froid, a du mal à se laisser aimer comme à faire preuve d’affection. Il recherche la justice et la justesse à tout prix. Il aime l’ordre à en devenir maniaque. Son degré d’exigence vis-à-vis de lui-même occasionne du stress chez lui. Son vocabulaire : « pas de problème », « toujours », « jamais ». 

 

Sa plus grande peur : la froideur. 

 

On est en voie de guérison : lorsqu’on est moins perfectionniste et que l’on s’autorise à faire des erreurs.

 

 

 

 

 

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Soigner nos blessures, nous débarrasser de nos masques et être libre, Max !

 

Quoi d’autre d’important ?! Nous sommes inconsciemment attirés par les personnes porteuses des mêmes blessures que nous – ou complémentaires. Leurs défauts nous agacent ? Sûrement parce qu’ils nous renvoient à nos propres travers – que nous rechignons précisément à voir et à modifier ! Mais qui parle de changer ? N’est-il surtout pas question de faire ami-ami avec nos blessures en apprenant à nous aimer tel/les que nous sommes ? Comment ? 

 

En 4 étapes

 

1- Identifier nos blessures grâce aux caractéristiques physiques dépeintes et via nos ressentis : si notre mental/ego nous égare constamment afin de garder nos blessures enfouies, notre corps et nos ressentis, eux, ne mentent jamais.

 

2- Les identifier, c’est pouvoir les reconnaître et accepter d’en avoir voulu à nos parents comme à notre ego d’avoir cherché à nous en protéger.

 

3- C’est aussi constater qu’ils nous desservent plus qu’ils ne nous aident au quotidien en nous faisant revivre systématiquement les mêmes choses ou relations décevantes avec des personnes ou des événements pourtant différents.

 

4- Pour finalement les accepter et accueillir et – enfin ! – vivre l’expérience d’être nous-même. Le pire, c'est qu'en la/les validant et dépassant, on finit par moins abimer nos relations qu'en rejouant nos stratégies fumeuses de contrôle ou manipulation, par dire notre vérité straight forward en prenant moins le risque de blesser l'autre en profondeur (ça m'appartient, et ça, ça t'appartient) et par se sentir bien plus en accord avec soi-même, ses désirs et ses besoins.

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 Si on s’accepte tel/le que l’on est, on n’a plus peur d’apprendre, de changer et de grandir

 

Pour l’auteure, s’aimer soi-même équivaut à se donner le droit d’être tel/le que nous sommes, c'est-à-dire imparfaits. Il peut donc parfois nous arriver itou de blesser involontairement les autres en les rejetant, les abandonnant, les trahissant. Et même d'avoir de mauvaises pensées, des pointes de jalousie, un besoin de reconnaissance criant. Et alors ?! Tant que l'on s'interroge sur ce que cela dit de certains besoins non remplis et que l'on ne se ment pas totalement à soi-même...  L’identification et l’acceptation de nos blessures sont donc les prémisses frémissantes de la guérison de nos masques. 

 

Celles-ci enclencheront nécessairement dans la foulée des modifications de nos manières de faire et d’être qui, à leur tour, nous permettront d’accéder progressivement à une autonomie affective et une forme de paix intérieure. Pour Lise Bourbeau, la force de guérison de l’amour est telle qu’il nous faut dès à présent nous attendre à vivre d’émouvantes transformations qui impacteront aussi bien notre vie relationnelle que notre aspect physique (on en parle, de ces kilos émotionnels qu'on ne parvient pas à perdre, bien qu'on ait le sentiment de faire preuve d'une volonté à toute épreuve ?!) ! Programme galvanisant, non ?


[1] En anglais : How to parent, titre de son best seller publié en 1970 chez Penguin Group Incorporated.



10/12/2019
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