Ès-tocade

Ès-tocade

La trop bonne éducation est un empêcheur de tourner en rond

 

 

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        Bien que ces derniers temps, la presse fasse davantage étalage des ravages de l'expansion de la maléducation, c'est une tout autre question qui me turlupinait en matière d'instruction : n’existerait-il pas, par ailleurs, une corrélation entre trop bonne éducation (par cela, j’entends un dressage rigido-formel) et renonciation, subordination et sujétion ?? 

          Alors j'ai fouiné, prospecté, excavé, jusqu’à Fiat luxorêka : mais ouiiiii, évidemment !

 

(NB : cet article n'a aucunement pour vocation de s'infiltrer dans les rouages complexes de l'amour plus ou moins sainement prodigué en famille, de l'éventuelle toxicité parentale, des transferts de vocations ou d'intentions sur ses rejetons, de la psychologie de comptoir dissimulés dans les maisonnées.

I am NO psychologist!

Il n'a qu'un objectif : celui de sonder que ce qui relève 'strictement' de la rigueur et de l'austérité d'une éducation ubiquiste, et ce, quel qu'en soit le fondement !)

 

 

 

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Fais pas ci, fais pas ça

Viens ici, mets-toi là

Attention, prends pas froid

Ou sinon gare à toi

 

(…)

 

Mange pas tes ongles vilain

Va te laver les mains

Ne traverse pas la rue

Sinon panpan cucul

 

(Dutronc, Fais pas ci, fais pas ça)

 

 

        Politesse, bonnes manières, respect, principes, valeurs, règles de vie…Tant de préceptes scandés et perpétués de génération en génération – du moins, fut-il un temps ! Parce que l’éducation, c’est la souche de toute vie en collectivité, les racines du citoyen exemplaire en devenir, l’assise de l’insertion dans un univers policé. Dépourvus de ce fondement, nous vivrions comme une espèce animale ne se basant QUE sur le mimétisme pour assurer sa stratégie adaptative.

 

 

 

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        Mais aux côtés de l'éducation théorique, le mimétisme n'en reste pas moins un élément primordial d'acquisition en groupe. Car le fait d'être né dans une famille dont un parent, ou both, my cap'tain, est musicien, minier, sportif, technicien de surface, philosophe, docker, marin, russe, juif, américain, catholique, polonais, islamiste, etc. influencera nécessairement

et les formes d’intelligence que nous développerons, qui seront naturellement aiguisées par reproduction

(intelligence plutôt rythmique ou manuelle ? kinesthésique ? logique ? interpersonnelle ? etc. Inutile de préciser que cela peut aussi prévaloir dans le cas de la connerie), 

et notre manière de nous ouvrir au monde, de le saisir et de l'investir.

 

 

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        Reste qu'en-dehors de ces acquis naturellement décalqués en famille, la société, aujourd’hui dépourvue de repères forts en perd un peu son latin en matière d'éducation. On le doit essentiellement à Dolto, et à sa vision de la permissivité débridée à l'égard de l’enfant ; à un gouvernement désormais totalement impuissant à incarner le droit chemin malgré sa fabrique d’interdits à répétition ; à une religion devenue quasi inexistante ou extrémiste – mais, dieu soit loué !, pas systématiquement au détriment d’une forme de spiritualité, comme l’annonçait Malraux ?! – ; et à une consommation reine martelant ses messages publicitaires comme autant d’invitations à l’impulsion. Bref, nous avons tous progressivement baissé un peu les bras et ce faisant, avons encouragé le sacre de l’enfant roi.

 

 

 

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        Le descendant passe désormais avant le géniteur, et son épanouissement devient l’étendard de son avenir (que versifient les manuels éducatifs contemporains). Ne surtout, surtooooout pas le brimer, l’opprimer, le priver, l’entraver… le laissant ainsi devenir despote en sa demeure – ainsi, par conséquent, qu’à l’extérieur.

          Or ne presque rien lui imposer, c’est le laisser être et faire. Résultat des courses : professeurs insultés, déperdition scolaire, harcèlement allant parfois très tristement jusqu’au suicide… les petites chamailleries et railleries de notre enfance se transforment en troubles sévères difficiles à juguler.

 

 

 

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        Nous avons donc désormais (archi schématiquement, hein) : d’un côté, de toutes nouvelles générations anarchiques, tyranniques et autocratiques ; au milieu, des êtres hybrides, façonnés par des valeurs aussi relatives qu’elles définissent souvent une appartenance à un univers socio-professionnel donné ; et de l’autre, le reliquat d'anciennes ères délicieusement canoniques, incarné par les derniers tenants de la promotion d'une éducation figée dans le cristal, eux-mêmes engoncés dans un univers social plafonnant en haut de l'affiche et ne se côtoyant quasiment qu'entre eux.

 

        Mais le pompon, c’est que 1.pngce sont parfois ces mêmes-sur-éduqués-là qui, en réaction à l'éducation qu'on leur a infligée, mais également en s’adaptant mollement à l’air latitudinaire du temps, laissent l’enfant croître en une déliquescence et décadence annoncées ; 2.png sans pourtant renoncer eux-mêmes aux préceptes qu’ils ont encaissés ni remettre en question l’incidence que ceux-ci peuvent avoir sur leur propre vie !

 

        Ça fait donc un petit bail que c’est grave la pagaille, y compris et en particulier lorsque les représentants de ces antagonismes s’opposent en un duel larvé !

 

 

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        À partir de là, une question ne peut que se poser concernant les trop-bien-éduqués (ceci, bien entendu, sans chercher, a contrario, à glorifier la maléducation, mais pas folle la guêpe : étant moi-même maman, je ne me risquerais oh grand jamais à proposer quelque pseudo-recette prétendant, d'un coup de baguette magique, métamorphoser de petits morveux en immaculée conception) :

 

          de leur créativité inconsciemment bridée par trop de principes ancrés (sortir des cases et faire des vagues extrasystoles, c’est mââââl), aux insultes ignominieuses balancées par le petit trublion de la farce du bureau, que le trop-bien-éduqué reçoit à toute volée sans trop savoir comment s’en dépêtrer (parce qu’on lui a inculqué la bienséance, la diplomatie et de diligemment tendre l’autre joue), en passant par l’intégration de trop d’infos (universitaires, googlesques ou éducationnelles : la forme théorique Vs. le fond, la pratique et l’inventivité), une éducation roide, qui tend à nous astreindre à une forme d'ultra-convenance sociale, ne pourrait-elle pas, pour sa part, représenter un frein majeur dans toutes les sphères de notre vie ?

 

 

 

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Une société de rôles hiérarchisée 

 

 

        Selon les ethnologues, les rapports de domination seraient hérités des sociétés ancestrales. Ils avaient alors pour fonction de préserver la structure des communautés en sécurisant les individus, et donc l’espèce.

 

         Aujourd’hui, ces rapports se perpétuent de façon quasi-inchangée sous la forme :

1) d'une classification des personnes, de leurs états, de leurs fonctions, selon des échelons subordonnés les uns aux autres, chaque échelon correspondant à un degré de pouvoir, de responsabilité, de compétence, de dignité, etc., supérieur à celui de l'échelon immédiatement inférieur ;

2) de l'instauration officieuse d'un rapport dominant-dominé au gré de nos interactions avec divers interlocuteurs, avec lesquels nous passons instinctivement certains accords tacites fluctuants co-responsables

 

Le dominé démontre (grosso merdo) des tendances à : s’effacer, avoir une faible estime de lui-même, mais également des difficultés à dire noooon, ou à prendre des décisions – because il redoute de décevoir l’autre. Il peut également faire montre d’un moindre sens des responsabilités, le culte de l’obéissance l’ayant parfois amené à obéir à des ordres discrétionnaires.

 

Le dominant recherche le contrôle afin d’enrayer sa peur (souvent inconsciente) d’être lui-même soumis et séparé du sujet sur lequel il a une certaine ascendance : il impose ses décisions, exerce parfois des pressions psychologiques sur d’autres et refuse la critique. Ce qui, dans les faits, ne le rend pas plus libre que le dominé, puisqu’il reste tributaire de sa crainte de destitution de pouvoir et d’abandon.

 

 

 

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        La relation entre ces entités (qui seront sous-catégorisées plus bas pour les nuancer), aussi ductile qu’elle ne peut être pleinement prédéfinie d'avance, se perpétue ensuite en un jeu de rôles fait d'imbrications subtiles. Car malgré une tendance à la domination ou à la soumission des personnes en présence et malgré les rôles qu'ils ont pris l'habitude d'incarner spontanément, celui-ci dépend également des circonstances et de nos instincts, réflexes conditionnés et habitudes mentales.

       Donc, que cela nous enquiquine ou non, nous sommes tous, à un moment donné, la marionnette de quelqu’un... 

 

Mais quels peuvent être, au départ, les  facteurs déterminant notre tendance à devenir plutôt dominant ou dominé ?

 

 

 

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Le soubassement de la domination comme de la soumission : l’éducation

 

 

       La disposition à devenir plutôt dominant ou dominé relèverait, en fait, de notre histoire personnelle et de ce qui s’est joué, enfant, dans notre vie familiale. Par conséquent, de notre éducation – eh ouiiiiii !

 

But whyyyyy ?!

 

        Il y a, bien sûr, au départ, la nature d'un être (l'inné). Qui est plus ou moins malléable en fonction de sa réceptivité à un modelage par l'exercice de la forme d'autorité reçue. Une éducation rigido-formelle prodiguée à un tempérament peu réceptif n'aura pas le même impact que sur quelqu'un d'ultra sensible – différence de réaction et donc, de répondant. Néanmoins, des messages éducatifs itératifs restent autant de mots qui s'inscrivent progressivement de manière indélébile dans notre cerveau.

 

           Or dans le cerveau siège folâtrement l’amygdale, digne maitresse de la « peur sociale », d’après les mots d’Antonio Damasio, professeur de neurosciences et de psychologie, que nous subissons ou que nous infligeons [1]. L'amygdale est composée de deux régions : l’une induisant un comportement de domination et l’autre, de soumission. La région la plus active accroit ainsi l’attitude correspondanteEt il s’avère que la favorisation de l’activation de l’une ou de l’autre de ces régions serait liée à notre éducation. Une autorité rigido-itérative durant l’enfance tendrait en effet à activer la région « soumission » et à créer des adultes à tendance dominée, tout comme une trop grande permissivité stimulerait plutôt la prépotence et engendrerait des adultes généralement dominateurs.

 

 

 

 

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Dans la cour d’école, c’est le mal élevé qui caracole

 

 

        Cela débute ainsi au plus jeune âge, lorsque tar ta gueule à la récré.

Le psychologue Hubert Montagner et son équipe ont effectué, dans les années 70, des expériences sur des enfants de 9 mois à 3 ans dans une garderie. Ils ont étudié leurs comportements durant les moments de jeux et ont ainsi pu établir six profils caractéristiques :

 

 

  • Les leaders : comportement affiliatif (ils sollicitent les autres bien plus qu’ils ne sont agressifs). Ils s’imposent et s’interposent dans les conflits.

 

  • Les dominants agressifs : comportements anarchistes (agressions et piqueurs de jouets).

 

  • Les dominés : comportement de suiveurs. S’ils ont de nombreuses interactions avec les autres, ils ne s’imposent cependant pas dans le cadre de compétitions (pour s’approprier un jouet ou plafonner en tête du palmarès).

 

  • Les dominés craintifs : comportements craintifs. Ils entretiennent une forme de retrait social (ils participent donc peu aux compétitions).

 

  • Les dominés agressifs : comportements rebelles. Ils participent rarement aux compétitions mais savent se défendre (en se montrant parfois agressifs).

 

  • Les solitaires : enfants isolés qui n'ont que peu d’interactions avec les autres [2].

 

 

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Le dominant est un voleur de couleurs et le soumis, un éternel insatisfait (qui – souvent  s'ignore)

 

 

        Et puis un jour, on grandit.

Le dominant, s’il n’a à aucun moment été contrarié dans son désir effréné d'omnipotence, persistera aussi naturellement qu'inconsciemment à entretenir ses sales habitudes pernicieuses – de peur de voir son fragile édifice s’effondrer, et son ego-mantra, avec.

 

        Le dominé, en revanche, peut, avec le temps, développer le Syndrome de Stockholm, une soumission à lui-même, une forme de masochisme, de la courtisanerie...

          Parce qu'être bien éduqué et soumis, ça préfère laisser le pouvoir décisionnaire à d'autres, auxquels ça se remet pieds et poings liés, se sentant ainsi protégé et déresponsabilisé, alors que dans les faits, c'est surtout une porte ouverte sur la perpétuation d'une possible humiliation : une sorte de paillasson bien agréable sur lequel il fait bon s’essuyer les pieds.

          Par conséquent, ça tend à inhiber l’effronterie, la transgression, l’expression des zones d’ombre, la fantaisie, à saper la joie de vivre, à fragiliser, à ne pas prendre le risque de s’imposer face au regard des autres.

Bref, ça peut donner des génies méconnus !

 

         C’est donc le plus souvent inconfortable, ça gratte aux entournures, ça insatisfait ! Et cela peut ainsi faire naître des idées insensées d'une rébellion mal orientée pouvant se traduire par des conçetés monumentales, de la prétention feinte et le besoin de se faire remarquer autrement que par une allure trop sage de petit page : alcool, drogues, vitesse, mauvaises fréquentations, attitude tyrannique (dominé agressif).

 

 

 

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          Il peut donc arriver qu’un jour (abracadabraaaa), dans un éclair de lucidité, le dominé finisse par voir les ficelles que d’autres tirent pour lui. Et que, sortant de sa torpeur, il prenne soudainement conscience d’être tombé sous le charme perfide de quelque dominant, maillon infinitésimal d’une chaine incommensurable. Alors, d’impuissance comme de rage, il pourrait caresser l’espoir de sortir de son carcan pour déployer son plumage et délivrer son ramage !

 

         Car, truc de dingues, si nous sommes bel et bien conditionnés par notre enfance, notre éducation, notre environnement social, etc., rien n’est toutefois jamais figé dans le marbre… Mais si mais si ! Une fois adultes, nous avons le choix : rester ancrés dans nos conditionnements, qui nous font généralement revivre continuellement les mêmes situations et relations, ou nous donner les moyens d’agir pour échapper à une pseudo-prédétermination, lorsque nous la jugeons insatisfaisante !

 

 

 

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       Libérer l'Albatros ne demandant désormais qu’à déployer ses ailes n’induit toutefois pas une chose aussi incongrue que celle de soudainement troquer une soumission usitée pour une omnipotence méphistophélique ou un leadership charismatique. Non non non, ça, ça n'arrivera pas ! Ce qui pourrait se produire, en revanche, c'est qu'on s'inscrive dans un concept hors catégoriele dominant de soi !

 

       En reprenant les rênes du pouvoir, de celui que nous avons sur notre vie, nous pourrions alors, tel un funambule polarisé par son centre de gravité pour ne pas trébucher, esquiver le joug des dominants tout en perpétuant une même bienveillance, et peut-être même assistance, à l'égard des inféodés.

 

         Dis comme ça, ça fait saliver et pas mal cogiter, non ?!

Reste à savoir comment procéder pour parvenir à modifier une donne datant de mathusalem et dans laquelle nous nous sommes négligemment encroûtés en laissant le système nous ensevelir et perdurer...

 

 

 

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Restaurer notre capacité instinctive à dé-so-bé-iiiiir

 

 

        Affirmer ou confirmer son être : un vaste champ de bataille ! Tout être, que ce soit au sein de son environnement professionnel ou personnel, est amené à diverses reprises à passer d’une position passive à une position active et vice versa. Il en va de… soi ! Nous avons parfois du mal à tolérer une autorité, d’où et de qui qu’elle provienne. Cependant, d’après Jean-Charles Nayeli [3], docteur en psychologie, la désobéissance n’est, en soi, ni positive, ni négative. Elle devient l’une ou l’autre selon le sens qu’elle donne à l’acte de refus, une fois que celui-ci a pu se confronter aux exigences du réel. Elle est positive si elle a une valeur créative ou de courage, négative si elle tend vers le crime ou la bêtise. Cette ambivalence est le vestige de la capacité à dire Noooon

 

 

 

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      Mais d’où viennent le rapport à l’obéissance et cette capacité à dire non ? Tout simplement de la relation qu’entretiennent la mère et son enfant, à la dialectique contenu/contenant. À la naissance, le bébé ne peut que s’installer dans l’espace psychique de la mère. La mère interprète ses gestes et cris et décide de la dangerosité des objets du réel : il s’agit du modelage du monde pour le bébé. Cependant, en grandissant, l’enfant ne tolère plus de la même façon l’ordre établi par la mère ! Il va ressentir le besoin d’explorer le monde par lui-même. Il commence à désobéir pour pouvoir penser. Il porte les objets à sa bouche pour se faire sa propre idée. Il désobéit aux « non » répétés de sa mère, et une fois la parole acquise, répète ces « non » qu’il s’est vu infligés ! Le « non » est essentiel pour que la pensée puisse se mettre en place. C’est la rébellion contre l’ordre dictatorial maternel. L'enfant devient autre : c'est la base du narcissisme et de l'investissement du moi.

 

 

          Reste que dans la désobéissance, surtout si elle est réprimandée, se mêle au sentiment de jouissance un aspect d’aversion, de déprime. L’enfant va utiliser cette position dépressive pour produire lui-même des signes : il se représente, ainsi que tout objet, de la façon dont il en tire jouissance. C’est l’arrivée du plaisir intellectuel. Ainsi la pensée et le langage articulé passent-ils par la désobéissance. Ce sont eux qui font de nous des êtres à part entière... Il FAUT apprendre (ou plutôt réapprendre !) à désobéir !

 

 

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Désobéir à ce qui ne nous convient pas pour obéir à qui l’on est fondamentalement 

 

 

            On peut, dans l'absolu, imputer toutes sortes de choses à nos parents, à commencer par leur reprocher qui ils sont et ce qu'ils nous ont transmis de tangible comme d'intangible. Et la plupart du temps, nous aurons raison, non parce que cela s'est réellement produit, mais parce qu'il s'agit de la manière dont nous l'avons vécu. En revanche, rester claustré dans une sorte de fatalité (" je ne puis être une autre personne que celle que je suis avec les parents que j'ai eus et l'éducation qu'ils m'ont donnée "), c'est entretenir la spirale de la victimisation en obviant la possibilité d'améliorer ce qui ne fonctionne pas dans notre vie.

 

          Car une fois adulte, notre bien-être ne dépend plus de l’éducation que nous avons reçue. Les parents ont fait leur boulot comme ils le pouvaient, c’est-à-dire forcément imparfaitement. Mais ensuite, rien ne nous empêche, via la pensée et le langage, précisément, de nous interroger sur ce qui nous a été légué et d'appréhender ce en quoi cela enrichit ou entrave et restreint la vie que nous menons aujourd'hui.

 

 

 

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         Et si certains modèles et normes hérités de notre éducation nous sclérosent, il faut avoir le courage et l’humilité de chercher à les identifier pour comprendre la façon dont ils faussent certaines des actions que nous implémentons dans notre vie – plutôt que de chercher à imputer son potentiel gâchis à quiconque, à commencer par nos parents. L'identification liminaire de ces dysfonctionnements nous permettra ensuite de comprendre quelles actions spécifiques pourront nous sortir d’une spirale inadaptée et décevante afin de devenir les créateurs d’une vie à notre image et que nous souhaitons plus satisfaisante.

 

 

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Pour désobéir à des conditionnements insatisfaisants, il faut donc pouvoir définir :

 

1.png  Ce qui ne nous convient pas dans notre manière de mener notre vie

(ceci inclut aussi bien nos actions que nos mécanismes, ce à quoi l’on obéit aveuglément, ou bien encore ce qui nous affecte).

 

Exemples :

* Tu te lèves à 11h du mat, tu montes le son, et puis tout à coup, tu te souviens : tu avais réunion ?

* Demain est toujours pour toi la délicieuse promesse qu'il t'apportera sur un plateau d'argent la réponse à ta procrastination de la veille : et Dieu créa la flemme ?

* Tu réponds ‘oui’ à une proposition de prendre un café alors que tu as rdv à la même heure chez ta cousine pour garder ses rejetons, et que de toute façon, tu ne bois que des double whisky ?

* T'es toujours là pour l'un de tes soi-disant amis alors que Gaston y a l'téléphon qui son mais y a jamais person qui y répond lorsque tu cherches à le contacter ?

 

 

2.png Ce qui nous conviendrait mieux pour atteindre un équilibre personnel congruent à la vie que nous souhaiterions mener.

 

Exemples :

* Un stilnox et au lit, tu pourras toujours jouer aux jeux vidéo à 5h du mat pendant que tes enfants feront du yoga.

* Te métamorphoser en chevalier brave et intrépide et écumer ta todolist avant que les huissiers ne t'y contraignent.

* Apprendre à dire non quand tu n'as juste aucune envie de te prendre la logorrhée verbale de Raoul en pleine face doublée de son haleine fétide.

* Arrêter l'héro et choisir plutôt de fabriquer de l’endorphine en te bougeant le luc (porté de femme, ferret-legging,...).

* Arrêter de te plaiiiindre (t'imagines même pas le nombre de réactions chimiques que cela enclenche dans ton petit corps), quitte à passer pour un crétin, une fois que tu auras le sourire éternellement chevillé aux lèvres.

 

 

3.png Ce qui fait de nous un être u-ni-que.

(nous en avons tous une intuition plus ou moins grande depuis tout petit. Il suffit d'écouter la petite voix en nous qui sait parfaitement 1) ce que l'on fait avec jubilation 2) et donc bien. Puis la laisser nous murmurer « sky is the limit! »)

 

Exemples :

Tu es sûrement :

* Un troubadour fol amour qui aime tout décorum désuet ? Organise des fêtes historiques, des mariages épiques, des banquets pantagruéliques !

* Un observateur et décrypteur assidu de la vie de couple des autres (ce qui explique sûrement pourquoi tu es toujours célibataire) qui aurait bien des conseils à prodiguer (ok, c'est toujours délicat, mais tu n'es pas à un ami près n’est-ce pas ?).

* Tu parles 27 langues ? Eh bien figure-toi que si tu es non-européen, tu peux intéresser la France, et ainsi bénéficier d'une carte de séjour Compétences et talents. Tu n'en demandais pas tant ?

 

 

 

accomplir ce que l'on aime.png

 

 

 

 

4.png Ce en quoi notre singularité peut apporter une valeur ajoutée au reste du monde. 

(pour faire coexister notre originalité et spécificité avec celles des autres et sortir de la relation binaire dominant-dominé).

 

Ici, pas besoin d'exemple, siiii ????

Chaque élève requiert un prof (et vice versa) ; toute oeuvre a besoin de critiques pour exister ; et dans cet univers ultra-connecté, il suffit parfois d'une unique critique dithyrambique pour hisser tes croûtes au statut de chef-d'oeuvre post-moderne-néo-contemporain.

 

 

5.png  Les actions à entreprendre pour accéder à nos possibles rêves – pro comme perso.

(qu’ai-je réellement envie de faire ? Et, à partir de là, comment le faire ? Ce qui inclut également parfois de remettre en question notre relation au succès, c'est-à-dire d'identifier ce qui, chez nous, constitue un frein mental pour l'atteindre)

 

Exemples :

 

Professionnellement : Tu voudrais bosser à la DGSI, être une jubilatoire Mata Hari, danseuse envouteuse déterreuse de secrets si scrupuleusement et jalousement cachés ? Tu es fan de Barthes et de la sémiologie ? Le secret-défense te fait fantasmer ? Ben spécialise-toi en ingénierie, langues étrangères, exploitation et renseignement ou deviens militaire !

 

Personnellement : T'adores écrire mais t'es comptable ? Ben comme une grande partie des français, adonne-toi à ta passion une fois ta triple journée (métro-boulot-mouflets) achevée. T'as plus d'énergie à ce moment-là ? Ben reprends l'héro alors...

 

 

6.jpg Enfin, se fixer des objectifs et les tenir.

(la théorie, c'est bien joli, mais seule l’action – et toutes les interactions le long du chemin – menant à la validation de notre singularité peut contribuer à nous faire prendre conscience de notre pouvoir créateur et, in fine, à être fiers de nous).

 

NB : le cerveau met 21 jours à intégrer une nouvelle habitude avant que celle-ci ne devienne une sorte d’automatisme : alors tiendez bon !

 

 

 


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Le dominé outragé, brisé, martyrisé mais libéré !

 

           Si l’on est insatisfait… il faut agir ! Se rebeller ! S’indigner, comme l’a souligné Stéphane Hessel !

Il faut abandonner ce qui ne nous convient pas et déterminer ce que l’on peut faire pour reprendre notre vie en main. En se tenant à ce que l’on s’est fixé, on observe alors une véritable transformation qui irradie partout dans notre vie et qui nous rend – légitimement ! – archi fiers de nous !

 

Résultat : boost de l’estime de soi, sourires à profusion et pensées positives à foison. Qui attirent à leur tour des personnes et des situations positives convenant à qui nous sommes réellement. Cet alignement intentions-actions est la clé de notre succès [4] (auquel quiconque peut donner la définition qu'il souhaite) !

 

         Ainsi prend-on le pouvoir, ose-t-on être soi et ne plus se laisser affecter par les autres. Ainsi domine-t-on sa vie, mais également ses pulsions, ses émotions et sa relation à l’autre (pour ça, voir également De la liberté et de la sérénité : les accords toltèques revisités). On slalome ainsi entre les ramifications des dominants, qui n’ont plus d’emprise sur nous, et celles des soumis n’ayant pas – encore – entamé leur processus de rébellion ! Et on sort du carcan dominant-dominé.

 

On transgresse, on bravoure, on audace, on hardiesse, on intrépide, on poltronne, on impertinence, on happy few, on électron libre et... on emmouscaille le reste du monde !

 


[3] Jean-Charles Nayeli, « ‘Il faut désobéir’, obéissance et désobéissance : un paradoxe ontologique ». Actes du colloque Rébellion : facteur de créativité,  organisé par l’institut des cadres dirigeants, Juin 2001. Compte-rendu du colloque by me.

[4] Voir l'intéressante vidéo de David Lefrançois, coach : C’est de la faute à mes parents 

 



14/06/2016
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